Auteure, styliste culinaire et céramiste, Soizic nous parle aujourd’hui de sa nouvelle passion, celle de “créer ses propres outils” via le travail du grès, ainsi que de sa longue expérience en tant que styliste pour des maisons d’édition.
Découvrez son univers sur son site portfolio, ainsi que ses créations sur sa page Instagram.
Bonjour Soizic ! Merci d’avoir pris le temps de participer à cet entretien. Tout d’abord, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots et nous dire ce que tu fais actuellement ?
Bonjour ! Moi c’est Soizic. Je suis auteure et styliste culinaire et j’entame un nouveau virage professionnel en parallèle de mon activité.
Afin de compléter mon panel de compétences manuelles, mon projet est de concevoir et réaliser vaisselle & accessoires en céramique.
Après avoir pris des cours de céramique pendant 2 ans, puis été en atelier libre pendant 1 an au cœur de Paris, j’ai entamé une formation à l’Atelier des Arts Céramiques de Tours.
Mes recherches et mon travail se tournent de plus en plus vers la création de motifs réalisés à partir d’objets trouvés, recyclés ou détournés.
© Soizic Chomel
D’une part j’y travaille le plâtre qui est une matière essentielle dans le travail des céramistes. Il nous sert à produire nos moules pour estamper ou couler la terre. D’autre part, j’apprends les techniques de modelage.
Dès les débuts de mon apprentissage il y a maintenant plus de 4 ans, je me suis tournée vers le modelage et ai mis de côté le tournage. Le modelage est un univers passionnant ou les possibilités de formes, de techniques, de petites astuces, de décors sont infinies.
Au départ j’ai pris des cours pour créer ma propre vaisselle pour les shootings … et puis j’ai finalement trouvé mon terrain de jeu et d’expression !
Raconte-nous un peu plus sur ton métier actuel de céramiste, ton atelier, tes créations.
Je travaille pour le moment le grès et réalise aussi bien des produits utilitaires que décoratifs. Mes recherches et mon travail se tournent de plus en plus vers la création de motifs réalisés à partir d’objets trouvés, recyclés ou détournés.
J’aime le fait de pouvoir créer ses propres outils. J’en réalise beaucoup avec mon père d’ailleurs. Dès que je vais voir mes parents, il me faut peu de temps avant que je fonce dans le garage où il a son atelier et stock des centaines de morceaux de bois/bambou … Une caverne d’Ali baba, j’adore !
Et c’est d’ailleurs une des bases fondamentales des métiers d’art, que de se créer ses propres outils.
© photo Nicolas Lobbestaël / stylime Soizic Chomel pour “Gastronogeek” Twean Peaks
Mon atelier se situe dans le 18ème arrondissement de Paris. Après le départ de ma professeur Paule Fattaccioli, nous l’avons récupéré à 3, puis maintenant à 7 ! La plupart de mes colocs sont là en « loisir ».
C’est un environnement très créatif et riche car chacun à son approche, sa pâte, son savoir-faire et cela donne lieu à des échanges très constructifs et intéressants.
Pour débuter, je trouve cela assez pertinent d’être dans ce type d’environnement.
Qu’est ce qui t’attire le plus dans la céramique ?
Pour répondre à ta question sur ce qui m’attire dans ce métier … et bien tellement de choses !!!
Je te donne tout en vrac : produire quelque chose de concret, le travail artisanal d’un médium à la fois simple et complexe, créer et encore créer, produire des pièces uniques, créer son propre univers, se retrouver dans l’envers du décor du stylisme culinaire, échanger avec les professionnels et les amateurs passionnés et passionnants … les possibilités infinies qu’apporte cet univers.
Nous pourrions faire une dissertation, mais je vais m’arrêter sur ces grandes lignes !
Si on revient un peu en arrière, lors de tes années de styliste pour des maisons d’édition, quels sont les projets que tu as les plus appréciés et pourquoi ?
Pour le retour en arrière côté stylisme, je dirai que les projets les plus marquants pour moi ont été la réalisation des livres de la série « Gastronogeek » [hommage gastronomique aux séries et dessins animés cultes : Harry Potter, Big Bang Theory, Charmed, les Simpsons, les Tortues Ninja…].
Ils ont été marquants sur l’aspect technique, recherche, adaptabilité, façonnage, création, réflexion …
Ces projets représentent vraiment le job du styliste ou « set designer ». Ce sont des réalisations complètes et complexes qui reflètent chacune un univers très particulier auquel il fallait coller au plus près. C’était très prenant et stimulant ! Surtout qu’au départ je ne connaissais pas grand-chose à cet univers « geek ».
Est-ce que tu as une anecdote à partager de ce shooting ?
Il y en a eu des anecdotes ! Par exemple, commander un saut de sang d’animal chez le boucher pour la photo de « Dexter », shooter avec le fils de l’auteur à quatre pattes pour les « Razmokets », faire une montagne de charbon dans le studio pour « Assasin’s Creed » … shooter au milieu d’un rond-point sur des énormes cailloux pour « Pocahontas » … je m’arrête là, la liste pourrait être longue !
C’est un job où tu peux être amené à shooter aussi en extérieur et ainsi créer des occasions de retrouver des amis/famille dans des endroits sympa pour une journée, ou un week-end, et de les faire participer au shooting. Oui, nos proches jouent souvent les cobayes !! (rires) Aussi bien pour tester les recettes que pour faire les mannequins. C’est une partie agréable de ce métier.
© Soizic Chomel
Certains photographes travaillent en solo, d’autres choisissent de former « le couple » photographe & styliste dès le début. Comment tu décrirais la dynamique photographe – styliste, telle que tu l’as expérimentée ?
Pour ce qui est du duo photographe/styliste c’est important pour moi qu’il y ai un échange.
J’ai travaillé plusieurs années avec 2 photographes et j’ai été amenée à travailler de manière occasionnelle avec des photographes que je ne connaissais pas.
Pour ma part, c’est primordial qu’il y ai une implication de chacun, sans être excessif ou trop intrusif dans le travail de l’autre. Il faut trouver le juste équilibre et ce n’est pas simple. Encore une fois c’est très personnel, je sais que d’autres ne travaillent pas de cette manière. Mais chacun à sa vision de l’image à produire et on est plus productif avec 4 yeux et 4 mains.
Il y a vraiment un travail d’échange et de complémentarité à avoir.
Quelles sont les attentes des maisons d’édition en matière de stylisme pour un shooting type ?
Comment évoquer le sujet des maisons d’édition … c’est une question qui n’est pas si évidente que cela, car elles travaillent de manière très différente.
Ces projets représentent vraiment le job du styliste ou « set designer ». Ce sont des réalisations complètes et complexes qui reflètent chacune un univers très particulier auquel il fallait coller au plus près. C’était très prenant et stimulant !
© photo Nicolas Lobbestaël / stylisme Soizic Chomel Gastronogeek Harry Potter
Je dirais que généralement quand on travaille pour une collection, il y a un univers à respecter en terme de stylisme : cela peut être du très épuré, du « sans tissus », éviter telle ou telle couleur …
Ce sont des exemples bien sûr. Il y a en amont un travail d’échange avec l’éditeur sur l’ambiance que l’on souhaite recréer, via un moodboard la plupart du temps. A partir de là un travail d’ajustement se fait.
Lors du shooting, on envoie les premières photos en direct pour caler l’univers, on ajuste si nécessaire, puis ensuite on continue la production.
Je me souviens qu’à mes débuts, toutes les photos étaient validées une part une et puis à force de travailler ensemble, on finit par connaître le travail de l’un et les exigences de l’autres, donc on gagne en souplesse et en efficacité.
© Soizic Chomel
Et puis les stylistes ou les binômes ont aussi leur style donc les éditeurs savent à qui demander telle ou telle production.
Et enfin, quel est ton plat préféré de la cuisine française et est-ce qu’il ferait un bon candidat pour un shooting ?
Pour mon plat préféré, je te dirais les ris de veau aux morilles (ahahahah) pas très courant ! Et te dire si cela serait un bon candidat pour un shooting … huuuuummm cela ce pourrait, mais je n’ai jamais essayé !
J’ai cherché d’autre recettes en me disant que j’allais te donner un joker, mais toutes les autres sont tout aussi complexes à sublimer en photo ! (rires)
Comme je suis lyonnaise d’origine, j’aime beaucoup les abats et même si je pense qu’un bon styliste accompagné d’un bon photographe seraient capables de réaliser une belle mise en scène pour ce type de plat, ce ne sont pas les plus faciles !
J’ai hâte de découvrir en tout cas les recettes des participants de votre challenge.
Merci beaucoup Soizic pour cet entretien !